RENDRE VISITE AU PASSE

Se décider une fois, à prendre ce virage à 180° et remettre les pieds sur les traces des années plutôt que de déserter.

Qui ai-je été ?

Un besoin vital de récupérer ce que j’avais abandonné,  ma vie d’avant, ma vie d’enfant… mon identité !

Je m’engageais alors à participer à une visite guidée, guidée par le doute, la peur, la honte, . . . mais aussi par l’espoir.

C’est l’émergence possible de ces forces de vie qui m’a vraisemblablement menée à oser retourner voir ce que nul ne devrait être prêt à recevoir.

Quelque chose en moi me confortait dans l’idée que ces forces existaient, il me suffisait de les retrouver … de me les réapproprier.

Après la froideur et la noirceur, la couleur, plus profonde encore et miraculeusement épargnée semblait refaire surface.

 

Un jour, l’ivresse s’est emparée à nouveau de moi, trop  d’émergences, trop de violence, ivre d’abondance, je m’égarais du troupeau et me  perdais à nouveau.

Pourquoi encore ces allers et retours. J’allais, j’allais encore, car j’avais un rendez-vous… quelqu’un m’avait conviée, … une petite fille oubliée.

Ce face à face m’épuisait et me tourmentait.

Qui allais-je rencontrer…. Qui étais-je ?

Tout était fragmenté, il ne fallait rien mélanger, afin de ne pas contaminer. Une seule idée, séparer ce que j’avais fait remonter du passé,  de ce que je pouvais encore épargner de mon identité.

Une tête d’un côté et un corps de l’autre.

Puis cette question s’est encore imposée… Suis-je un moi tout entier ou un avant et un après ?

 RETOURNER VERS LE FUTUR

J’ai emprunté plusieurs fois des carrefours; j’y faisais des rencontres à chaque détour. Des « bien pensants » m’ont donné la main, d’autres m’ont montré le chemin.  J’ai fini par faire confiance au tourbillon de la vie.

Mon regard, se posait enfin sur demain…

Tirée vers devant,  je pensais oublier le passé,  mais d’un pas de géant,  il m’a rattrapée. Que me veut-il encore?

J’ai fini par comprendre notre désaccord…

Alors pour aller de l’avant, pour ne pas mourir en dedans,  je me suis penchée…  sur elle… et je lui ai dit d’une petite voix :

Petite fille… t’écarter, t’oublier, n’est pas te respecter. Je ne dois pas t’abandonner, tu ne l’as pas mérité.

Je te dis merci aujourd’hui de m’avoir gardée en vie !

 

 

Il est vrai que je dois conjuguer entre avant et maintenant. Je dois m’en référer aux racines de ma vie; elles sont en fait mes sources principales d’énergie.

Aujourd’hui, je navigue au gré du vent; je regarde souvent en avant.

Je transporte  un bagage moins encombrant.

Je pense tranquillement aux monstres qui m’ont hanté…. Eux seuls savent de quoi ils sont faits. Franchiront-ils un jour le mur qui les sépare du sens qu’ils donnent à leurs actes et de leur impact ?

Alors, un retour sans détour sur le futur peut servir à cela . . . à se servir du passé pour ne pas, maintenant, recommencer.

Il y a des hommes bien pensants, des hommes bien agissants, dès aujourd’hui c’est à eux qu’il faut confier nos enfants….