Ville de ma jeunesse, pleine de rêves,

pleine d’angoisses… tout cela

m’a vue grandir. Je te dédie donc,

IN MEMORIUM, NYC.

 

                       Fr. 3’500.- 

 

In Memorium - NYC

 

Ville de ma jeunesse et de tous mes rêves ;

Ville au port grouillant, où règnent les syndicats et leurs grèves ;

L’île aux SDFs, aux flop-houses et aux gratte-ciels

Etouffés par les fumées des monstres industriels…

Sous l’amas de tôle et de ciel vert de gris

Bat l’âme vaillante qui a tout entrepris…

Ci-git aussi le cœur naïf qui croyait à la terre promise,

Où coule le miel et se pavanent costumes grises.

 

Ô ville de lumières hantée de terribles terreurs,

Ville d’ombres longues qui raniment mes pleurs.

Ville de rumeurs basses et de potentiel immense

Qui m’offre tout mais ne me donne jamais rien… intense,

Compacte, électrique, speed, vitale et pourtant, pourrie :

Une ville, ma ville, La Ville qui m’a nourrie.

Je t’offre mes tripes, mes émotions toutes crues

En steak tartare, épicées des odeurs de tes rues :

 

Goudron chaud, fumée de cigarettes et de cigares rassis,

De la moutarde forte sur hotdogs à peine saisis,

Marrons chauds, burgers carbonisés ou pis, pas assez cuits,

Corps stressés, puants en fin de journée, titres renflants insignifiants,

Parfums de boîte de nuit pour se rendre alléchants,

Etincelles de métro sur fourrure de rat gris trop lent,

Haleine pestant l’ail du mec d’en face dans le métro,

Bébé dormant sur une épaule qui sent fort le lolo…

 

Je t’offre tout ce qui me relie à toi, Ville des villes,

Amours morts, perte d’identité, excitation subtile,

Créativité électrique, minuits froids et solitaires,

Hommes beaux et gais qui ont tout pour plaire,

Modes excentriques et talons hauts de putes,

Vendeurs furtifs de cravates rouges à même le trottoir qui me disputent,

Café chaud avalé dare-dare le matin en route au boulot,

Le bonjour d’un commerçant qui salue la lève-tôt.

 

Le vieux garagiste qui me drague, là où je me gare,

L’horloge de Grand Central qui me dit « t’es en retard,»

Un banc bleu partagé dans Central Park, deuxième cœur

De cette immense bête sauvage à mille odeurs…

Que tu es belle mais pleine de contradictions, New York City,

Vibrante, indolente, indifférente, excitante, « What a pity »

Je suis loin de toi, mais je m’en souviens très bien

Et je te le promets, je n’oublierai rien, absolument rien.

 

© Nyuka Anaïs Laurent     27.10.2010